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sant ont bien plus de pouvoir que les grâces entières du particulier ? Je crois d’ailleurs qu’il y a un caractère de respect, une certaine grâce attachée par les dieux à la personne du souverain : non que le pouvoir le rende plus beau ; mais nous regardons comme plus beau un homme qui gouverne qu’un simple particulier, et nous éprouvons plus de charme à converser avec nos supérieurs qu’avec nos égaux.

« Quant aux mignons, qui t’ont fourni un des arguments les plus forts contre la tyrannie, il ne sont nullement choqués de la vieillesse du prince, et il n’y a point de honte attachée à ceux avec lesquels il entretient son commerce : cet honneur, au contraire, donne du relief ; tout le révoltant disparaît, et ce beau côté ne devient que plus brillant. Si donc, avec des services égaux, vous obligez bien davantage ; si même vous pouvez être beaucoup plus utile par des offices plus fréquents ; si vous avez de quoi donner plus que nous, comment ne seriez-vous pas beaucoup plus aimés que les particuliers ? »

Alors Hiéron : « Par Jupiter, Simonide, reprit-il, c’est que nous soulevons contre nous la haine des hommes en leur imposant bien plus de contraintes que les particuliers. Il faut se procurer de l’argent pour subvenir à l’urgence des dépenses, faire garder ce qui a besoin de garde, punir les torts, réprimer les velléités d’insolence ; il faut, si l’occasion se présente de faire en hâte une expédition de terre ou de mer, éviter de la confier à des lâches. De plus, une troupe de mercenaires est nécessaire à un tyran, et il n’y a point de charge qui pèse plus aux citoyens : car ils pensent que les tyrans n’entretiennent pas ces troupes pour faire respecter le droit de tous, mais dans une vue d’ambition. »



CHAPITRE IX.


Suite du précédent.


Pour répondre à cette sortie, Simonide reprit : « Qu’il faille prendre tous ces soins, Hiéron, c’est ce que je ne nie point. Mais parmi ces soins il en est, si je ne me trompe, qui ne peuvent manquer d’attirer la haine, et d’autres les bonnes grâces. En effet, enseigner ce qui est bien, louer et honorer celui qui