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dit Antisthène, de quoi donc es-tu fier ? — Ne savez-vous pas tous, dit Lycon, que c’est de mon fils que voici ? — Et ce fils, dit quelqu’un, il est évident qu’il est fier d’être vainqueur ? » Alors Autolycus : « Non, par Jupiter, » dit-il en rougissant. Tout le monde, enchanté d’entendre sa voix, tourne les yeux vers lui, et quelqu’un lui demande : « Mais alors de quoi donc es-tu fier, Autolycus ? — De mon père ! » Et en même temps il se penche sur le lit. Alors Callias le regardant : « Ne sais-tu pas, Lycon, dit-il, que tu es le plus riche des hommes ? — Par Jupiter, je l’ignore ! — Quoi ! tu ignores que tu ne voudrais pas changer ton fils contre les trésors du grand roi ? — Me voilà pris en flagrant délit d’être, à ce qu’il paraît, le plus riche des hommes. — Et toi, Hermogène, dit Nicératus, de quoi donc es-tu fier ? — D’avoir des amis vertueux et puissants, et qui, malgré cela, ne me négligent point. » À ce mot, tous le regardèrent, et bon nombre lui demandèrent s’il les leur désignerait. Il dit qu’il s’en ferait un vrai plaisir.



CHAPITRE IV.


Développement des raisons qui rendent chaque convive fier de tel ou tel talent : Critobule loue la justice ; Nicératus, l’utilité d’Homère ; Critobule, sa beauté ; Charmide, sa pauvreté ; Antisthène, ses richesses ; Hermogène, ses amis ; Philippe, sa profession de bouffon ; le Syracusain, la sottise humaine qui le fait vivre de ses spectacles ; Socrate, l’excellence et les avantages du métier d’entremetteur.


Après cela, Socrate prenant la parole : « Reste maintenant à démontrer, dit-il, suivant notre promesse, l’excellence de ce que chacun de nous a placé par-dessus tout le reste. — Écoutez-moi le premier, dit Callias. « Dans le moment même où je vous entends vous demander en quoi consiste la justice, moi, je rends les hommes plus justes. — Comment cela, excellent homme, dit Socrate ? — En donnant de l’argent, ma foi ! » À ce mot Antisthène se lève, et d’un ton tranchant : « Les hommes, selon toi, Callias, lui demande-t-il, ont-ils donc la justice dans le cœur ou dans la bourse ? — Dans le cœur. — Et toi, en versant de l’argent dans la bourse, tu rends le cœur plus juste ? — Certainement. — Comment cela ? — Parce que, sachant qu’ils auront de quoi acheter le nécessaire, ils ne