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planter dans l’eau. — C’est bien dit ; mais, quand les fosses sont creusées, as-tu remarqué quel temps on choisit pour planter chaque espèce d’arbre ? — Oui, certes. — Comme tu veux sans doute que tes plants prennent racine le plus vite possible, crois-tu que, mis dans une terre labourée, le pivot de la bouture perce plus tôt à travers une terre meuble qu’à travers une terre durcie faute de culture ? — Il est clair qu’il viendra plus tôt dans une terre façonnée que dans une qui ne l’est pas. — Faut-il mettre une couche de terre sous la plante ? — Sans contredit. — Mais crois-tu que la bouture prenne mieux racine, plantée droite vers le ciel ; ou bien, la renversant légèrement sous une couche de terre, lui feras-tu prendre la forme d’un gamma renversé ? — C’est ainsi, par Jupiter, que je planterais ! Par là on renferme plus d’yeux dans la terre : des yeux de la partie supérieure, je vois sortir des branches : ceux de la partie inférieure doivent de leur côté, je crois, produire des racines. Or, si le plant jette beaucoup de racines en terre, je ne doute pas qu’il ne soit prompt à se fortifier. — Là-dessus, dit-il, tu es encore aussi avancé que moi. Mais te borneras-tu à combler la fosse, ou apporteras-tu la plus grande attention à fouler la terre autour du plant ? — Par Jupiter ! je la foulerai avec soin : car si la terre n’était point foulée, l’eau, je le sais, la détremperait et la rendrait molle ; au premier soleil, elle se sécherait jusqu’au fond de sorte qu’il y aurait danger ou que le plant se pourrît par excès d’humidité, ou qu’il fût desséché par la chaleur, les fentes de la terre laissant brûler les racines.

— Pour la plantation des vignes[1], tu en sais tout autant que moi, Socrate. — Et le figuier, repris-je, est-ce ainsi qu’on le plante ? — Je le crois, dit Ischomachus, et il en est de même pour tous les arbres à fruit : car, si la méthode est réputée bonne pour la vigne, comment la trouver mauvaise pour les autres plantations ? — Et l’olivier, Ischomachus, comment le planterons-nous ? — Tu veux encore me mettre à l’épreuve, tu le sais parfaitement. Tu vois, n’est-ce pas, que la fosse où l’on plante l’olivier est très-profonde, attendu qu’on le plante surtout le long des routes ; tu vois aussi qu’il y en a des marcottes dans toutes les pépinières ; tu vois enfin qu’on en recouvre les têtes d’une terre grasse, et que la partie supérieure de tous

  1. Weiske fait observer qu’il n’a pas été question de vignes dans ce qui précède.