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j’ai là des gens qui plantent, qui labourent, qui sèment, qui rentrent les récoltes, je vais voir comment tout se passe, et je les redresse, si je crois mon procédé meilleur que le leur. Ensuite, je monte à cheval, et je fais faire à l’animal les manœuvres hippiques qui se rapprochent le plus de celles de la guerre : chemins de traverse, collines, fossés, ruisseaux, je franchis tout, et, autant que possible, dans ces manœuvres je tâche de ne point estropier mon cheval. Cette course faite, mon garçon laisse mon cheval se rouler[1], puis le ramène à la maison, rapportant des champs ce qu’il faut pour la ville. De mon côté, je rentre moitié marchant, moitié courant, et je me frotte avec l’étrille. Alors je dîne, Socrate, de manière à passer le reste de la journée sans avoir l’estomac vide ni plein. — Par Junon, dis-je, Ischomachus, j’approuve une telle conduite. User d’un régime qui donne tout à la fois la santé et la vigueur, faire des manœuvres et des exercices qui servent pour la guerre et pour l’accroissement de la fortune, voilà qui me paraît tout à fait admirable ! Et certes, tu fournis des preuves suffisantes que tu fais bien tout ce qu’il faut. Grâce aux dieux, nous te voyons d’ordinaire bien portant et robuste, et nous savons que l’on te compte parmi les meilleurs cavaliers et les gens les plus riches. — Pourtant avec tout cela, Socrate, je suis indignement calomnié, et peut-être croyais-tu que j’allais te dire que tout le monde m’appelle le beau et le bon. — J’allais te demander encore, Ischomachus, si tu te mets en état de rendre compte de tes actions ou de juger celles des autres, s’il en est besoin. — Est-ce que, selon toi, Socrate, je ne me prépare pas continuellement, soit à me justifier, puisque je ne fais de tort à personne, et qu’au contraire je fais le plus de bien que je peux, soit à en accuser d’autres, puisque, en public comme en particulier, mes regards ne peuvent rencontrer que des hommes injustes et pas un homme de bien ? — Mais dis-moi, Ischomachus, tes impressions se traduisent-elles en paroles ? réponds : — Jamais, Socrate, je ne cesse de dire ce

    et le milieu formait une lice large de 12 pieds (3m,60), profonde de 1 pied et demi (0m,45), afin que les spectateurs qui se promenaient autour pussent voir les exercices sans être incommodés. Il y avait auprès du xyste un stade et des promenades plantées de platanes, avec des sièges en maçonnerie. Xyste vient du verbe ξύω polir, racler, parce que les athlètes se raclaient la peau avec des strigiles, et se frottaient d’huile. Chez les anciens Romains, un xyste était un parterre de fleurs et d’arbustes, au milieu d’un péristyle ; une allée droite et régulièrement plantée dans un jardin. » Ch. Dezobry.

  1. Cf. De l’équitation, chap. v.