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comment il faut honorer les dieux ? — Je le crois. — Et celui qui sait honorer les dieux pense-t-il qu’il faille les honorer autrement qu’il ne fait ? — Non, certes. — Honore-t-on les dieux autrement qu’on ne croit le devoir ? — Je ne le pense pas. — Donc celui qui connaît les lois relatives au culte rend aux dieux un culte légitime ? — Oui. — Et celui qui rend aux dieux un culte légitime les honore comme il faut ? — Assurément. — Et celui qui les honore comme il faut est un homme pieux ? — Sans doute. — Nous aurions donc raison de définir l’homme pieux celui qui connaît le culte légitime ? — C’est bien mon avis.

« Passons aux hommes. Est-il permis à chacun de les traiter à sa fantaisie ? — Non ; mais celui qui connaît les lois faites pour régler les rapports des hommes entre eux se conduit légitimement à leur égard. — Donc ceux qui se traitent selon ces lois se traitent les uns les autres comme ils le doivent ? — Oui. — Donc ceux qui se traitent comme ils le doivent se traitent bien ? — Assurément. — Donc ceux qui traitent bien les hommes remplissent bien les devoirs de l’homme ? — Oui. — Donc ceux qui obéissent aux lois se conduisent selon la justice ? — Certainement. — Et la justice, sais-tu ce qu’on appelle ainsi ? — Ce que les lois ordonnent. — Ainsi ceux qui font ce que les lois ordonnent se conduisent selon la justice et le devoir ? — Peut-il en être autrement ? — Donc ceux qui se conduisent selon la justice sont justes ? — Je le pense. — Crois-tu qu’on puisse obéir aux lois sans savoir ce qu’elles ordonnent ? — Non. — Et quand on sait ce qu’il faut faire, pense-t-on ne pas devoir le faire ? — Je ne crois pas. — Connais-tu des hommes qui fassent autre chose que ce qu’ils croient devoir faire ? — Non. — Donc ceux qui connaissent les lois prescrites relativement aux hommes sont des hommes justes ? — Évidemment. — Donc ceux qui se conduisent selon la justice sont des hommes justes ? — Qui le serait alors ? — Nous faisions donc une bonne définition en définissant l’homme juste celui qui connaît les lois prescrites relativement aux hommes ? — C’est mon avis.

— Et la sagesse, comment la définirions-nous ? Dis-moi, les sages te paraissent-ils être sages seulement dans ce qu’ils savent, ou bien y a-t-il des gens qui soient sages dans ce qu’ils ne savent pas ? — On est sage dans ce qu’on sait, c’est évident. Comment, en effet, pourrait-on l’être dans ce qu’on ne sait pas ? — Est-ce par la science que les sages sont sages ? — Le