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EN MATIÈRE D’ÉPILOGUE

assis au bord d’un chemin, hâve et les yeux hagards.


Bouleversé par cet affreux spectacle, Albert se réveilla ; car il s’était endormi sur le rebord de la fenêtre, et c’est en rêve que les bonnes étoiles lui avaient fait voir les destinées futures de ses trois camarades. Les étoiles, maintenant, s’en étaient allées dormir à leur tour, le frais soleil du matin s’élançait dans la chambre, les coqs chantaient au seuil de la basse-cour ; et sur son lit, étendue à sa place, Albert aperçut la chatte, sa vieille amie, qui avait bien trouvé le moyen de grimper par la fenêtre pour venir le consoler.

Il se mit à genoux et récita le Notre Père, la seule leçon qu’il avait jamais pu apprendre, il découvrit que cette divine prière ne demandait nullement à Dieu l’intelligence ni le savoir, mais seulement la santé du corps, la bonté du cœur, et la paix de l’esprit.

Descendu dans la salle à manger, il raconta son rêve miraculeux à ses parents, qui le comprirent comme il l’avait compris (je vous ai prévenus que ceci n’était rien qu’un conte). Il ne retourna plus au collège, mais s’en fut travailler dans les champs avec son père et sa mère. Il y travaille encore à l’heure où je vous parle, avec sa femme et ses enfants. La grande sécheresse de juillet a failli compromettre sa récolte, mais voici que Dieu lui a envoyé