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NOS MAÎTRES

sont aussi réelles, nullement davantage, que les lois étiquetées de nos sciences. Il a compris la possibilité indéfinie de toutes les idées, et que les lois des sciences deviennent risibles, si l’on n’y voit pas uniquement de provisoires et commodes formules, sanctionnant la majorité des apparences habituelles.

L’âme seule existe, dispensatrice suprême des existences. Et, désormais, M. de Villiers ne s’épuisera plus à chercher une philosophie pratique de la société moderne. Comme la hautaine et royale Tullia Fabiana, il a pu, au prix de temporels désirs aisément renonces, lever le grand voile séculairement épaissi de la maternelle Isis. Il a lu, dans les noirs yeux de la déesse, et sous les éblouissants bandeaux de sa chevelure sombre, la méprisable vanité des réels illusoires. Il contemplera maintenant le pâle visage éternel : ou bien il divertira son libre pouvoir créateur dans la conception d’humanités plus hautes : sachant qu’il est lui-même, immortellement, le prince souverain des vraies Réalités.


III

Les qualités spéciales de sa race et de son tempérament, ainsi, portaient M. de Villiers à s’échapper du monde habituel pour se bâtir, par un libre effort de son esprit, un monde plus digne de lui, plus réel et plus beau. Il y fut amené encore par les conclusions de ses recherches philoso-