Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’auteur involontaire du désastre ne fut pas épargné. Effie avait à peine éteint sa lumière qu’elle entendit un bruit épouvantable dans sa chambre ; son lit était secoué, ses couvertures et ses draps tirés ; elle reçut plusieurs soufflets, eut une poignée de cheveux arrachés et fut égratignée au visage. Il semblait que la personne qui s’acharnait sur elle voulût lui abîmer les yeux. Effie réussit à les protéger non sans peine, sonna, cria au secours ; Louise Morel survint. Les phénomènes cessèrent, mais la pauvre Effie avait les yeux pochés, la figure en sang ; elle paraissait en proie à une frayeur intense.

Ces événements jetèrent la consternation dans Charing-Abbey. Le personnel n’hésita pas à affirmer que la momie allait recommencer ses exploits : lord Charing et sa famille se préoccupèrent surtout de Rogers, qui était fort malade. Le docteur Martins ne cachait pas son inquiétude. En proie à un délire constant, le précepteur s’adressait sans cesse à une nommée Nefert-thi, princesse égyptienne qu’il avait aimée trente siècles auparavant.

Il discutait avec elle, s’excusait de l’avoir mécontentée, protestant de son amour, de sa fidélité et de son intention manifeste de ne pas épouser Effie.

Miss Dermott avait voulu soigner Rogers ; la nature particulière de son délire lui causait naturellement beaucoup de peine.

Si la première journée de la maladie de Rogers fut pénible, que doit-on dire de la nuit suivante ? Il se passa de telles choses que miss Dermott quitta immédiatement Charing-Abbey, pensant y avoir positivement vu le diable en personne.

Effie avait voulu veiller Rogers en compagnie de Betsy. À onze heures du soir, celle-ci dormait profondément lorsqu’elle fut réveillée par des cris d’effroi ; ces cris étaient poussés par miss Dermott qui se livrait à un exercice singulier : elle tournait sur elle-même, avec une grande rapidité,