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mais gardons le secret sur le mystère de ma résurrection.

— Tu as raison, douce Nefert-thi.

— Appelle-moi Magda devant ces barbares. Je serai Nefert-thi pour toi seul.

Les deux amants arrivaient près de l’archéologue et du médecin. M. Roberty avait les yeux gonflés, les cheveux en désordre : il offrait l’image de l’égyptologie en larmes.

Le docteur Hudson, un peu gros, soufflait d’avoir marché vite ; il était rouge comme le disque du soleil qui montait dans le ciel à l’orient, au-dessus des rochers de la chaîne arabique.

— Mon Dieu, Magda, que tu m’as fait peur ! Chère fille ! Je te retrouve enfin.

M. Roberty parlait français, Magda ne semblait plus comprendre ce langage familier.

Elle se jeta cependant dans les bras que lui tendait le savant et dit en anglais :

— Je suis heureuse de vous retrouver, mon père.

Ce ne fut pas une médiocre surprise pour l’archéologue que de constater que sa fille ne parlait qu’anglais, avec un accent rauque et guttural, comme les orientaux.

Le médecin ne marqua aucun étonnement : de pareilles amnésies s’observent chez les gens qui ont failli être asphyxiés. Il assura que Magda retrouverait l’usage du français, mais elle mit six mois à l’apprendre… ou à le rapprendre.

En revanche, l’Égyptien ancien, le hittite et le babylonien n’avaient aucun secret pour elle.

On causa en revenant. M. Roberty demanda comment Rogers se trouvait avec Magda, mais le jeune homme ne put fournir aucune explication.

Mlle Roberty s’était soudain montrée près de lui, tandis qu’il songeait avec douleur à sa mort prématurée.

Interrogée sur son costume, sur les bijoux de la momie qu’elle portait, Magda se déclara incapable de fournir aucun renseignement.

— Automatisme et amnésie ! affirme le docteur Hudson.

Questionnés à leur tour, M. Roberty et le médecin racontèrent qu’ils s’étaient endormis en veillant le cadavre de la jeune Française.