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bilité de lui rendre la vie et à la douceur espérée de son amour.

Mieux préparé que Magda aux épreuves finales, Rogers se rendait compte du péril et cherchait à l’éviter ; mais la beauté de la jeune fille était comme un appât tentateur masquant l’hameçon du pêcheur ; l’amour causait assez de ravages en lui pour troubler les claires perceptions de son âme ; un brouillard l’enveloppait, ne montrant que le contour imprécis des choses dont la vision distincte eût été nécessaire.

Magda, moins avancée dans la science mystique, ne pressentait le danger que d’une manière confuse et obscure ; elle devinait que ce danger menaçait Rogers et la menaçait aussi ; elle éprouvait dans sa passion exclusive le besoin de se serrer contre celui qu’elle aimait, de ne faire qu’un avec lui, afin de partager sa destinée et de n’échapper à aucune des blessures qui l’atteindraient.

La jeune fille observait l’Anglais, dont la figure expressive était marquée de l’empreinte que la réflexion et le souci creusent sur les visages humains ; elle avait essayé de fixer son regard, mais ce regard allait plus loin qu’elle et voyait des choses que les yeux ordinaires n’aperçoivent pas.

Elle lui prit alors la main, et rompit, le lourd silence qui s’était appesanti sur eux :

— Vous êtes pensif, monsieur Edward ; depuis l’autre nuit, vous parlez à peine et vous paraissez triste.

— Chère Merytaten, je ne vois pas l’avenir sans angoisse. Je crains que nous n’avons commis une grande faute en laissant subsister ces momies, source de la force de nos adversaires. Sans doute je l’ai diminuée, mais j’appréhende de ne l’avoir pas anéantie.

« Et cette nuit ! Que ne feront-ils pas ?

— Pourquoi voulez-vous les provoquer encore ?

— Il le faut. Nefert-thi doit renaître, Merylaten, ou je disparaîtrai avec elle.