Scène macabre s’il en fut jamais ! Les cadavres empilés dans la salle et dans le couloir semblaient comprendre la désécration qui brisait leurs liens avec le dernier vestige de la vie d’autrefois ; leur rictus paraissait plus horrible, et leurs yeux séchés au fond des orbites affaissées semblaient jeter des flammes, dans la lumière tremblante des torches et des lampes.
On s’occupa ensuite d’inventorier les richesses du tombeau. Des pectoraux émaillés, de petites statues d’or, des bagues, des colliers, des pierres gravées furent trouvés sur les momies des onze grands prêtres ; les autres, quoique munies d’objets précieux, possédaient un mobilier funéraire moins splendide.
Tout le monde savant est au courant de cette trouvaille, qui valut enfin à M. Roberty le siège convoité par lui à l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; la réputation de Rogers, véritable auteur de la découverte, ne fit que grandir.
Après avoir remis aux autorités compétentes le précieux butin et accompli des formalités à dégoûter tout archéologue de faire des explorations en Égypte, les voyageurs purent rentrer à El-Amarna ; Rogers, toujours préoccupé de l’œuvre suprême qu’il allait tenter, Magda triste et inquiète de voir son ami soucieux.
Seul le savant exultait ; il se retira dans sa chambre pour relire la dépêche de six cent quatre-vingts mots, adressée par lui à l’institut de France et préparer le rapport qu’il voulait envoyer sans retard à l’illustre Compagnie.
Magda et Rogers n’avaient pas pu se rencontrer seuls au cours du voyage. Pour la première fois depuis trente-six heures, ils étaient en présence, sans témoins.
Le jeune Anglais éprouvait un trouble pénible : d’un côté il était sollicité par l’attrait qui l’entraînait vers la jeune fille ; de l’autre, il songeait à Nefert-thi, à la possi-