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mé de gémir en pareille occasion, car elles traduisent un sentiment qui leur est commun, et elles expriment un état d’âme nécessaire.

— Qu’allez-vous penser de moi, monsieur ! Je ne sais pas pourquoi je suis ici, ni comment j’y suis venue.

— Je le sais, mademoiselle, rassurez-vous. Il n’y a pas de ma faute.

— C’est Nefer-thi qui m’a contrainte à venir. Je me souviens maintenant.

Magda passa lentement la main sur son front, regardant autour d’elle, ses yeux rencontrèrent ceux d’Edward ; elle rougit.

— Excusez-moi, je vous en prie… c’est incompréhensible… Demain…

Elle ne savait que dire, elle succombait sous le fardeau de sa confusion. Les inévitables larmes jaillirent abondamment sous ses paupières frangées de longs cils.

Rogers s’approcha timidement ; son cœur battait très vite, ses oreilles tintaient comme si elles eussent été pleines de clochettes d’argent, un brouillard léger voilait sa vue troublée.

— Mademoiselle Magda, dit-il d’une voix tremblante… mademoiselle Magda, ne pleurez pas… Vous savez que je suis pour vous un ami dévoué… Ne pleurez pas… vous me faites mal.

Encore un pas hésitant, et il fut très près de la jeune fille : d’un geste timide et maladroit, il entoura sa taille, il sentit dans sa main la fermeté d’une chair vivante et la souple rondeur d’une taille bien prise.

Malgré son émotion, il ne put s’empêcher de penser que ces choses étaient vraiment substantielles et supérieures en cela aux charmes de l’immatérielle Nefert-thi ; sa chair se cabra sous l’aiguillon du brutal désir.

Mais Rogers était un honnête homme, incapable d’abuser d’une situation équivoque : sa volonté dompta la bête révoltée.