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de grêles palmiers près des ruines dévastées de l’antique Khounaten.


IV


Une extraordinaire impression avait envahi l’âme du jeune Anglais dès qu’il avait respiré l’air de la vallée du Nil ; un monde d’images bizarres se présentait à sa pensée, et il ne savait pas s’il voyait des choses nouvelles ou des choses anciennes, qui ne ressemblaient plus à ce qu’elles étaient jadis.

Il avait hâte de se trouver au milieu des ruines, en face du passé qui l’étreignait. Alexandrie, le Caire et les Pyramides lui causèrent une insurmontable tristesse, les Pyramides surtout, que la barbarie a dépouillées presque complètement de leur revêtement de pierres polies. Il s’imaginait revoir dans leur vieillesse des gens qu’il avait autrefois connus jeunes et pleins de fraîcheur.

À El-Amarna, il loua la maison d’un paysan aisé, il put disposer de quatre pièces qui ouvraient sur une petite cour intérieure et de hangars faits de terre et de roseaux. Dans les hangars, il abriterait ses trouvailles et celles de M. Roberty ; trois pièces serviraient de chambre à coucher, une quatrième de salon, où les Européens pourraient se réunir, prendre leurs repas et travailler.

Ainsi Rogers s’installa dans le voisinage de la ville où avait vécu Nefert-thi ; il en contempla le site, sur la rive droite du Nil, dans le cirque de hautes collines rocheuses qui l’entoure.

La splendeur de la ville du soleil avait disparu, et ses ruines éparses se voyaient à peine. Seules des routes bordées de trottoirs en pierres, quelques bornes, des amoncellements de sable marquaient l’emplacement de l’antique cité. Sa vie éphémère avait duré moins d’un demi-siècle, et l’abandon des rois avait été suivi de l’abandon des hommes.