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— Oui, il me semble…

Après quelques hésitations, Magda se rendit aux prières de Fréjus et aux conseils de son père, que la tentative intéressait vivement. Elle s’assit devant Rogers, elle lui prit les mains.

Mlle Roberty avait déjà remarqué la sensation particulière qu’elle éprouvait quand elle touchait la main du professeur ; cette sensation était agréable, mais elle avait quelque chose de si étrange que la jeune fille redoutait de la ressentir.

Cette fois, impossible de l’éviter. À peine avait-elle touché les poignets de Rogers qu’elle s’imagina être transformée en une sorte de pile électrique chargée d’effluves puissants.

Un courant rapide parcourait son bras, en faisait tressaillir les muscles et semblait jaillir de tous les pores de sa main, de toutes les extrémités de ses doigts.

En même temps qu’elle croyait infuser ce courant dans les veines de l’Anglais, elle pensait chasser hors de son corps une substance subtile que remplaçait celle dont elle le saturait.

Les yeux du jeune homme se fermèrent bientôt, emprisonnant l’image de la jolie Magda. Mais cette image, qui palpitait dans l’esprit du professeur, sembla grandir.

Sa ressemblance avec Nefert-thi s’accusa, ses prunelles devinrent plus brillantes, plus énergiques, les bras firent un geste de commandement.

— Partez ! murmura la bouche volontaire.

Soudain Rogers se sentit devenir plus léger qu’un flocon de neige. Un brouillard lumineux l’entourait, au travers duquel il apercevait son corps affaissé dans le fauteuil, Magda lui tenant les mains, les assistants groupés autour d’eux dans une attitude recueillie et curieuse.

Un besoin irrésistible de déplacement s’empara de lui ; il vit une sorte de fil lumineux qui l’attirait comme une corde élastique, il ne résista pas et il partit, brusquement entraîné.