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dans l’acte inconsidéré de Magda qu’un accès de spontanéité juvénile, le désir d’être agréable à son cher père en lui faisant connaître de près l’auteur du Lexicon linguæ ægyptiacæ.

Et puis, et puis… quoi que pensât M. Roberty, quelques remontrances qu’il pût adresser à sa fille, le mal, si mal y avait, était réparable. On recevrait une fois ce jeune homme et s’il ne plaisait pas au savant, on en serait quitte pour ne pas renouveler l’invitation.

Pendant que Magda réfléchissait de la sorte, l’auto gagnait la demeure paternelle. M. Roberty travaillait encore. Il posa sa plume en voyant entrer la chère enfant qui vint l’embrasser.

— As-tu trouvé le livre que je désire Magda ?

— Oui, père, chez Balaruc, quai Malaquais. Une très vieille édition en fort bon état. On livrera demain matin. Mais que je te dise qui j’ai rencontré là-bas. Le jeune homme de Londres, tu sais bien ?

Le savant parut chercher sans succès dans sa mémoire.

— Quel jeune homme de Londres ?

— Celui qui m’a parlé avec un air si drôle et qui… au British Museum, devant la fameuse momie… Te souviens-tu comme je fus étonnée de ses façons ?

Magda se garda bien d’ajouter quelle impression persistante et pleine de trouble elle avait conservée de ce bel Anglais et qu’il avait occupé son esprit au point de la faire aller consulter à son sujet un diseur de bonne aventure.

— Ah oui ! fit M. Roberty, une espèce de fou.

— Mais non, père… rétorqua vivement la jeune fille, au contraire, c’est un des plus grands savants de notre époque et tu l’admires sans le connaître, c’est M. Edward Rogers, l’auteur du Lexicon.

— Pas possible ! Comment le sais-tu ?

— Il me l’a dit tout à l’heure chez Balaruc. Car, figure-toi, la chose est des plus amusantes, nous nous sommes salués et présentés nous-mêmes.