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voir, car il s’intéresse passionnément à l’histoire d’Égypte. Il a lu votre grand ouvrage, il en est enthousiaste.

Et dans un léger rire la jeune fille ajouta :

— Continuons les formalités nécessaires. À mon tour de me présenter. Je suis Magda Roberty, je vis seule avec mon père qui s’occupe fort d’archéologie…

Comme si elle se fût aperçue seulement alors de la bizarrerie de leur situation, Magda poursuivit en enveloppant le jeune homme de son regard lumineux :

— La vie est singulière, n’est-ce pas ? Elle ménage à chacun de nous, au moment le plus inattendu, d’étranges surprises.

» Nous nous sommes vus deux ou trois fois dans un endroit public, nous avons échangé quelques paroles à peine… Ce même hasard nous remet en présence ici, et il semble que nous sommes déjà de vieux amis. »

Quelle influence occulte subissait donc la sérieuse Magda pour qu’elle osât s’exprimer de la sorte, elle si fière et si réservée ? Rogers était mis presque pauvrement, n’ayant gardé que quelques vestiges de son élégance passée ; il avait cependant l’air d’un gentleman ; n’importe, si M. Roberty eût été présent, quelle surprise attristée n’eût-il point ressentie ?

Rogers d’ailleurs se conduisait avec la même inconséquence que Magda. Sur-le-champ, il accepta son invitation de passer la soirée du surlendemain à l’hôtel Roberty. Il mit la jeune fille en voiture, lui baisa la main, et resta debout sur le trottoir tant que l’auto n’eut pas disparu.

Accotée dans un angle de la limousine, Magda se ressaisissait péniblement ; on eût dit que les vapeurs de l’ivresse bizarre à laquelle elle venait de céder se dissipaient peu à peu.

Elle se rappela les paroles imprudentes prononcées, l’impulsion irrésistible, l’invitation faite… Et à qui ? à un inconnu ! Quelle aberration ! quelle folie ! Qu’allait dire son père ?

Heureusement, le nom du jeune égyptologue était familier à M. Roberty. Il ne verrait