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talla après leur léger repas. L’Anglais mit entre ses mains le manuscrit hittite.

— Bien, ne m’interrogez que quand j’aurai commencé à voir. Peut-être même ne sera-t-il pas nécessaire que vous m’interrogiez. Je vais me concentrer un moment jusqu’à ce qu’une vision se précise. Si la vision était fausse, interrompez-moi. Est-ce compris ?

— C’est compris.

Le Parisien ferma les yeux et s’accota dans le fauteuil, comme s’il voulait faire un somme. Il pressait dans ses mains croisées le papyrus ; de temps à autre, une sorte de frisson le parcourait. Il crispait ses doigts, il pétrissait fortement le manuscrit en pinçant les lèvres ; son nez, qui était long et mince, semblait s’allonger encore. Sa pâleur uniforme lui donnait l’apparence d’une cire.

Le silence se prolongea quelques instants, enfin sans faire un geste, sans ouvrir les yeux, le jeune homme se mit à parler. Les mots étaient articulés péniblement, la voix restait sans inflexion, et Rogers, qui prêtait l’oreille avec l’avidité que l’on devine, Rogers entendit ce qui suit :

— Oh ! oh ! comme on me fait aller loin ! Je vois des palmiers, des dunes de sable, des villes dont les habitants ont la peau bronzée, et portent des robes. Il y a des rayures sur l’étoffe de ces robes.

» Quelle lumière, quel soleil ! Ce n’est pas l’Asie, pourtant… On me montre un A… je sens que c’est le nom de la contrée.

» Atlantide ?… Non, les Atlantes étaient rouges… Alors, Afrique ? Oui, c’est cela : Afrique, je suis en Afrique !

» Ah ! mon Dieu ! du sang ! une femme que l’on égorge… j’ai peur… Maintenant je suis dans la nuit… on dirait une cave… il y a des peintures sur les murailles, et au milieu de la cave, un cercueil…

» C’est là-dedans qu’était l’objet que vous m’avez donné… il se rapporte à une femme… celle que j’ai vu égorger. Le fil conduc-