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de tous les représentants les plus autorisés de la magie moderne : spirites, thaumaturges ou initiés de haut grade ? C’est à ces gens-là que Rogers résolut de demander la science qui lui manquait.

Mais comment se renseigner ? Il parlait encore assez mal le français et n’avait à Paris aucune relation ; il vivait dans l’isolement et dans la mélancolie ; il ne sortait jamais le soir, sauf pour aller donner des leçons à l’école, et une fois rentré, il se consacrait à l’étude du manuscrit hittite.

Ce manuscrit avait pour lui un attrait extraordinaire : car Rogers avait l’intuition qu’il contenait la révélation des secrets qu’il cherchait à deviner, mais le voile dont l’auteur anonyme avait entouré ses idées demeurait impénétrable.

Le pauvre garçon avait beau pâlir des nuits entières sur son manuscrit ; privé de l’aide précieuse de sa chère princesse, il n’aboutissait à rien.

Son cœur était en proie à un navrement infini ; il l’appelait dans le silence nocturne ; il la conjurait de reparaître, de renouer le lien, la douce chaîne de leurs existences. Peine perdue, Nefert-thi ne répondait pas !


II


Un matin, comme Rogers sortait de sa chambre, il se heurta contre un grand jeune homme pâle et mince, qu’il avait déjà rencontré plusieurs fois, et qu’il savait être son voisin de mansarde.

Ce jeune homme avait une physionomie intelligente et fine. Blond, imberbe, il paraissait tout au plus vingt-cinq ans. Sa mise était celle d’un étudiant pauvre.

D’ordinaire il se contentait de saluer silencieusement l’Anglais ; mais cette fois, debout sur le palier, il semblait guetter sa sortie.

— Pardon, monsieur, fit poliment Rogers en se découvrant.

L’autre ne s’effaça pas. Il rendit le salut, et dit :