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ne la connaissait déjà, sa rupture avec Effie.

Il traversa son petit salon, sans allumer l’électricité et ouvrit la porte de sa chambre. Son cœur battait, sa main tremblait, et il éprouvait les effets désordonnés de l’amour dans l’incohérence de ses pensées, dans l’agitation de ses systèmes nerveux, respiratoire et circulatoire.

Peut-être Nefert-thi était-elle déjà là, gracieuse apparition, délicate forme de lumière, messagère de joie ; Rogers jeta un rapide regard dans la chambre obscure : l’Égyptienne n’y était pas !

Il revint dans le salon, dont le sarcophage était l’ornement le plus précieux. Il tourna le commutateur…

Était-ce une illusion ? Non ! La place où devait se trouver le sarcophage était vide. Il fit des perquisitions complètes dans l’appartement : le cercueil, la momie et ses bijoux avaient disparu.

Il se précipita comme un fou chez sa logeuse. La bonne dame dormait. Aux appels frénétiques de Rogers, elle se leva, croyant que le feu était dans la maison ; elle se vêtit toutefois décemment, la pudeur étant chez elle plus forte que l’instinct de la conservation, à cause de l’habitude ancienne et de l’exercice répété de cette vertu digne de respect.

— Qu’y a-t-il ? demanda Mrs. Townshend en montrant sa figure coiffée d’un bonnet de nuit dans l’entre-bâillement de la porte.

— Ma momie ! mistress Townshend.

— Eh. bien quoi ? Votre momie ?

— Elle a disparu !

— Disparu ! Que voulez-vous que j’y fasse ?

— Volée !…

— Volée, monsieur Rogers ! Vous n’y pensez pas ! On ne vole pas chez moi…

— Volée, Mrs. Townshend ! volée, vous dis-je.