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Elle calculait qu’à raison de deux dictionnaires par an, son neveu pourrait donner le bien-être à sa femme et même la richesse, pour peu qu’il poussât l’amour du travail jusqu’à faire cinq ou six lexicons égyptiens par an. Femme de goûts simples, elle aimait les calculs simples comme elle.

On décida de profiter de l’élection du jeune savant comme membre d’honneur de la Société asiatique, pour l’inviter à dîner ; on le réconcilierait avec sa mère qui serait également conviée, ainsi que le docteur Martins.

Effie écrivit à son cousin une lettre particulièrement affectueuse pour lui transmettre l’invitation de ses parents.

Ce même jour on avait apporté chez Rogers la caisse contenant la momie et ses biens mobiliers. On avait installé le tout dans le petit salon qui précédait sa chambre. Vers le soir, le double, ou khà, de la princesse, apparut au jeune homme et manifesta une vive satisfaction.

La fatale lettre d’Effie arriva vers sept heures. Rogers était au restaurant et il avait laissé sa compagne seule, si je puis employer un pareil langage en parlant de la momie et de son ombre. Quand il rentra, vers neuf heures, Nefert-thi était assise dans un fauteuil et paraissait de fort méchante humeur.

Elle tenait, à la main la lettre d’Effie, la pressait dans ses doigts crispés et fronçait ses noirs sourcils sur ses yeux sombres où pétillaient des étincelles.

— La barbare te poursuit, Améni ! Elle t’écrit de venir prendre un repas chez elle, auprès de son père et de sa mère ; je te défends d’y aller.

— Mais tu n’y songes pas. Nefert-thi ! Je ne puis refuser l’invitation de mon oncle.

— Tu n’iras pas ; je te le défends.

— Réfléchis, ma bien-aimée, je manquerais de respect à ma mère et à mes parents. Tu me demandes une chose à laquelle je ne puis consentir.