Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur race savent bien des choses, mais leur science est celle de la matière, non celle de l’âme. Je crois que nos prêtres, si leur sagesse n’avait pas été si grande, auraient pu savoir ce que vous savez. Mais ils voulaient donner aux hommes le bonheur, qui est dans la quiétude et la paix ; et la science de la matière est pareille à un tourbillon qui entraîne les hommes, comme l’ouragan emporte les grains de sable.

» Sache donc que l’âme humaine est une émanation de l’âme divine, de l’âme universelle dont le soleil est l’emblème.

» Notre âme est une pensée de Dieu et de même, chacune de nos pensées est une âme, moins vivante assurément que celle dont la pensée divine est la créatrice.

» Les actes qui réalisent des pensées donnent la vie rudimentaire aux objets dans lesquels ces pensées s’incorporent ; ainsi, de l’image d’une chose peut naître la chose elle-même.

» Dans les statuettes que tu as vues tout à l’heure vit la pensée du sculpteur, qui était celle de belles jeunes filles jouant de la harpe. Tant que ces statuettes dureront, cette pensée vivra par elles, et pour celui qui sait, il est facile de rendre la vie à cette pensée.

» C’est ce que tu m’as vu faire.

» Nous avons attaché une importance extrême aux rites ; le sculpteur et le peintre travaillaient rituellement, car ils savaient que leur travail était l’œuvre magique à laquelle l’observation des formules donne une puissance plus grande.

» Aussi m’est-il facile de faire revivre l’âme de ces statuettes informes, alors que je ne saurais aussi rapidement évoquer celle des statues grecques. Mais ces choses t’apparaîtront plus tard clairement. »

Ainsi Nefert-thi commença l’initiation de Rogers.

Vraies ou fausses les hallucinations du précepteur l’ont conduit à des découvertes admirables et ont développé son intelligence et sa volonté d’une manière surprenante.