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ici ? Je lui ai défendu de s’approcher de toi, Ameni ! Elle serait l’obstacle à notre réunion, l’obstacle aussi à ma vie.

» Ô Ameni ! comment as-tu pu emprunter à cette race de sauvages un corps pour loger ton âme errante ? Tu sais cependant que leurs yeux sont clos, leurs oreilles bouchées, leurs sens grossiers ; ils n’aperçoivent, n’entendent, ne touchent que la matière, et s’effrayent des forces spirituelles que nos pères savaient diriger.

» Mais je te rendrai cette science. Par l’intelligence et l’amour, tu arriveras à la gloire, et tu sauras soumettre à ta volonté les mystérieuses influences qui président à la vie. Éloigne-toi de ces aveugles, reste toujours auprès de moi.

— J’oublie auprès de toi, Nefert-thi, tout ce qui n’est pas ta beauté, ta science, ton intelligence.

— J’inscris ton serment dans mon cœur et je serai terrible si tu le violes ! Prends garde !

» Mais le temps presse, la douce jeunesse nous est mesurée avec parcimonie, et l’heure décisive doit sonner bientôt. Il faut que tu connaisses tout ce que les hommes savent de la vie et de ses mystères. La tâche est immense, et si je n’étais pas là, tu serais incapable de l’accomplir. »

Nefert-thi parlait avec volubilité. Son jeune corps resplendissait d’une lumière surnaturelle, comme si son enthousiasme eût été une flamme jetant des rayons immatériels.

Le lendemain, elle revint avec la nuit ; le précepteur était triste, sa mère l’avait chassé. L’Égyptienne fut émue ce son chagrin. Elle s’assit légèrement sur la table de travail, tout près du jeune homme, et lui mit doucement la main sur l’épaule.

— Pourquoi t’attrister, Ameni ? Je ne te dirai pas que ta mère est une étrangère pour toi, puisque c’est elle qui t’a porté dans ses flancs, et que ton sang s’est formé