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à un sténographe un chapitre de son grand ouvrage sur le Droit égyptien, œuvre remarquable, consacrée à « l’Histoire de l’évolution de la servitude de Stillicide dans les lois égyptiennes ».

Le savant frémit en voyant entrer Smith.

— Qu’y a-t-il, mon cher Smith ? Je suis bien occupé…

— Un événement extraordinaire, sir Septimus. Je crains que les affaires de la salle III ne recommencent.

— Défendez-vous, mon cher Smith. Je vous en donne l’autorisation.

— Il vaudrait mieux que vous fussiez là. Les choses qui se passent deviennent intéressantes et graves.

— Intéressantes ? Graves ? Sans doute, sans doute. Smith… Dès que j’aurai dicté mon chapitre je vous rejoindrai.

— Combien de temps vous faut-il ? Cinq minutes ?

— Vous n’y songez pas, mon cher Smith. Il me faut quinze jours ou trois semaines.

— Et pendant ce temps, mufle d’Ammon ! on vole les bijoux ! on vole les miroirs ! on vole les papyrus sur mon bureau ! on vous volera votre manuscrit, sir Septimus !

Le gros égyptologue tressaillit. Ces derniers jours de calme et de tranquillité lui avaient rendu le sommeil et l’appétit ; il remplissait mieux son gilet, son pantalon, sa redingote. Allait-il, entraîné par ce damné Smith, se jeter encore dans un guêpier ? Non certes ! Cependant ? Son manuscrit ?

La juste colère de l’égyptologue triompha enfin de l’apathie de l’obèse directeur. Il se leva et se rendit à la salle III.

Rogers poursuivait tranquillement la copie du papyrus. L’heure de la fermeture avait sonné, et Jeremiah Duncan montrait l’agitation inquiète d’un fonctionnaire que l’on retient en service au delà de l’heure réglementaire. Il n’avait pas osé faire évacuer la salle, attendant le retour de John Smith.