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fortune, comme les trois jeunes saints dans la fournaise, te supplier de chasser le démon qui s’est emparé de ce jeune homme. Il est baptisé ! Il porte sur son front le signe sacré de la rédemption !

— Mon oncle ! Mon oncle ! Vous perdez véritablement l’esprit.

Mais Amos n’écoutait pas : plein d’une fougue pieuse, il continuait à évoquer l’aide du Seigneur. Puis il entonna un hymne. Effie ajouta sa voix claire à la voix sonore du clergyman ; le docteur Martins, dans une intention de complaisante flatterie, reprenait l’antienne de sa voix de basse profonde.

Rogers regardait cet étrange spectacle ; amusé d’abord, il ne tarda pas à s’impatienter. Vainement il essaya d’arrêter les chants pieux de son oncle et de sa cousine ; animés d’un zèle incompréhensible, ils continuaient, continuaient, continuaient…

Rogers s’exaspérait ! Tout à coup sa figure, qui était devenue rouge sous l’influence de la colère, pâlit, ses traits se détendirent, son regard devint fixe, il parla…

Il parla une langue inconnue de ceux qui l’écoutaient.

Martins s’aperçut du changement survenu dans la physionomie du précepteur.

— Le voilà en somnambulisme, dit-il.

— Oh ! il a repris son air de possédé, s’écria Effie très émue.

— Satan est là ! j’arrive ! clama Amos Dermott vibrant d’une, sainte ardeur. Arrière, Belzébuth ! Arrière, Astaroth ! Arrière, les diables qui sont ici ! Moi, Amos Dermott, ministre du Tout-Puissant, je vous somme de disparaître…

Le Malin n’avait pas l’air de prêter grande attention à l’invective du clergyman ; en effet, Rogers semblait converser à haute voix avec une personne qu’il était seul à voir ; il s’exprimait dans l’idiome inconnu dont les sonorités étaient étranges.

Amos Dermott continuait son apostrophe : mais la voix s’arrêta dans sa gorge : les lampes venaient de s’éteindre subitement, et là, à côté de Rogers, brillait une lueur