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Dermott quitta son neveu, résolu à le secourir malgré lui. Il organisa dans sa congrégation des prières publiques et désireux d’unir la science humaine à l’omniscience divine, il alla voir le docteur Martins, pour le prier de se rendre chez Rogers dont l’état devenait alarmant.

Muni des renseignements donnés par Amos Dermott, le médecin alla chez son ami. Il le trouva, comme toujours, dans les choses d’Égypte.

— Bonjour, Rogers. Je vois que vous ne m’écoutez pas ; votre santé devient de plus en plus mauvaise. Vous jouez avec votre raison, mon cher ami.

— Au contraire, je me sens très bien portant et le travail que je fais est très apprécié par les personnes compétentes. Mon Lexicon linguæ ægyptiacæ

— Oui, oui ! Le lexique ! l’article du Pearson’s ! Tout cela est bien, mais ne vaut pas un fifrelin en comparaison de la santé. Or vous êtes malade… Taisez-vous, Rogers ! j’ai vu le père de miss Dermott. Il est très inquiet de vous.

— De moi ? Pourquoi pas d’Effie ? Elle est assurément plus malade que moi !

— Mon pauvre Rogers, votre état s’est aggravé singulièrement. Vous n’avez plus maintenant conscience de vos aberrations. Vous avez pris miss Dermott pour la momie, vous l’avez appelée ma momie chérie, je crois, ou ma petite momie bien-aimée, je ne suis pas certain de l’expression. En tout cas vous lui avez dit : « Oui, oui, je copierai le papyrus trouvé dans votre cercueil ! »

— Mon cher Martins, je vous remercie de votre sollicitude, mais je crois que vous vous alarmez bien inutilement ; je n’ai jamais eu un meilleur cerveau et je suis devenu une autorité en matière d’égyptologie. J’ai montré les erreurs d’hommes aussi considérables que John Smith. Si je suis fou, vous avouerez que ma folie est préférable à l’équilibre mental.