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lubriques s’adoucirent d’une hypocrite vertu ; cependant, les exhibitions restèrent une des lois fondamentales de la mise en scène sacrée ou théâtrale et c’est pour se conformer à cette tradition ancestrale que Cléopâtre, amie des ballets et des tableaux plastiques, posait complètement nue devant les privilégiés de sa cour (fig. 12).

De même en Asie, où les cérémonies religieuses tenaient lieu de représentations théâtrales, les courtisanes apparaissaient nues soit


Fig. 13. — La leçon de danse. D’après un vase antique du British Museum.


dans les temples, soit dans les processions, soit sur la place publique où elles offraient, en toute honnêteté, leur superbe corps aux désirs des pieux assistants. Aux fêtes d’Astarté, en Syrie, hommes et femmes se travestissaient et pratiquaient mille formes de débauches, surtout les danses d’expression sexuelle, au son de la musique, en présence des prêtres qui dirigeaient la cérémonie[1].

La religion grecque, qui divinisa non seulement l’instinct de la reproduction (Aphrodite, Eros) et celui de la conservation (Cérès, Dionysos), non seulement toutes les manifestations de la nature, mais encore toutes les conceptions idéales, notamment le Beau, — la

  1. Félix Regnault, l’Évolution de la prostitution.