Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
ASIE — JAPON — NIKKO — LE FUDJIYAMA

pouces de hauteur, quatre-vingt-dix-sept pieds et deux pouces de circonférence à sa base et repose sur un socle de quatre à cinq pieds d’élévation. Sa chevelure est composée de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf boucles. Au milieu du front est incrustée une boule d’argent massif du poid de trente livres ; ses yeux en or solide ont trois pieds d’ouverture ; sa bouche a quatre pieds de largeur ; son nez à peu près autant ; et ses pouces mesurent chacun trois pieds et demi de circonférence. Le dieu est courbé, dans la position qui inspire la bonté et la clémence. C’est le dieu de l’omniscience et de la miséricorde infinie : il n’inspire pas la crainte, il attire ; on est tenté de taper sur son bon gros dos, tant il a l’air paterne et doux ; c’est le secret de sa grande popularité et de la vénération que le peuple a pour lui. Si l’on m’eût enseigné à adorer les idoles, il serait mon dieu, tant il est beau. C’est le chef-d’œuvre de l’art : il est parfait ; l’on ne peut se rassasier de le regarder. Quel que soit l’angle sous lequel on l’examine, on ne lui découvre aucun défaut. Nous sommes restés près d’une heure à le contempler. Nous avons escaladé un peu les hauteurs d’alentour pour le voir d’en haut et à distance : il était toujours aimable.

Lors du dernier désastre, le temple aux soixante colonnes qui l’abritait fut emporté ; le dieu resta… assis, dans le calme majestueux qui le caractérise et qui fait son charme irrésistible. Nous nous sommes photographiés à ses… genoux. Après deux jours maussades, le soleil nous a souri, à ce moment. Nous avons versé une légère obole pour les frais d’entretien et de conservation de cette merveille.

Avant de quitter le Daibutsu, nous gravissons un escalier d’une douzaine de marches à l’intérieur de sa masse énorme de bronze. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut pénétrer dans un dieu ! Dans le creux de sa belle tête, a été érigée une petite chapelle, bouddhiste va sans dire ; aussi un petit autel qui renferme des reliques. Depuis six siècles, ce doux Bouddha est en plein air, n’ayant pour temple que le ciel, les montagnes et la forêt.