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28 avril — Arrivée à Louqsor à 9 heures a.m. Comme la matinée est joliment entamée, nous allons au plus près et promenons notre curiosité insatiable à travers les colonnades, les obélisques, les pylônes, les statues colossales, les salles immenses, les stèles, les corridors et les voûtes des ruines imposantes du temple de Louqsor, tout à côté de l’hôtel du même nom. Ces ruines sont classiques et connues par la photographie, la gravure, la lithographie, la peinture dans tout l’univers. On y voit le socle de l’obélisque qui orne la place de la Concorde, à Paris. Il n’y a pas un musée d’une importance quelconque dans les principales villes du monde qui ne possède soit une statue, un socle, une stèle, un pan mural, un hiéroglyphe enlevés à ce temple. Et dire qu’il en reste encore assez pour émerveiller et intéresser le visiteur le plus exigeant et satisfaire le chercheur le plus enragé.

Ce que devait être ce temple cyclopéen à l’époque de sa parfaite splendeur ne peut se concevoir. Nous y passons trois heures à regarder superficiellement, sans étudier les détails ; nous y reviendrons chaque jour, plutôt chaque soir au retour de nos courses, pour le contempler sous les feux mourants du soleil qui s’enfonce derrière la chaîne des monts Arabiques, à la demi-clarté des nuits incomparables, à la scintillation de millions d’astres, véritables diamants qui pointillent le velours du firmament.

Le Nil, sillonné par les felouques aux voiles blanches qui se déploient comme autant d’immenses ailes d’hirondelles, baigne les fondations du temple. Du côté ouest, entre la colonnade extérieure et la rive, les ruines d’une église copte jonchent le sol. Une partie du temple de Louqsor a aussi été affectée à ce culte, dans les premiers temps de la chrétienté. Des peintures murales, représentant la Vierge et les Saints, en font foi. Près du pylône de gauche, les musulmans ont élevé dans l’enceinte du temple une mosquée que tout admirateur de l’art antique voudrait voir ailleurs.