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assez vaste. D’abord possédées par les Portugais, les Anglais finirent par en hériter en 1661, lors du mariage de Charles II avec l’infante Catherine, dans la dot de qui étaient inclus Bombay et le territoire environnant. C’était, à l’époque, une île malsaine et considérée d’une valeur si minime que l’Angleterre la céda, pour un certain nombre d’années, à la Compagnie des Indes, en considération d’une rente de cinquante livres par année. Cette Compagnie entreprit d’assainir l’endroit, fit de grands travaux dans ce sens et établit des comptoirs qui attirèrent le commerce de l’univers. Finalement, la Compagnie céda ses droits à la couronne. Les Anglais sont donc établis ici depuis plus de deux cent cinquante ans ; et cela se voit. Comme partout et toujours dans ses colonies, la politique anglaise est caractérisée par la tolérance, le respect des religions, des us et coutumes du peuple.

Les costumes n’ont pas varié depuis des siècles ; les hommes portent le dhoti et les femmes le sari : un voile de couleur bordé de frange dorée qu’elles fixent sur leur tête et qui retombe de leurs épaules jusqu’aux pieds. Les enfants des Parsis sont vêtus de clinquants d’or et d’argent ; ils portent une calotte ronde qui leur donne une allure de petits princes ; leurs habits sont de soie brochée. Partout de l’éclat et de la couleur à fatiguer les yeux.

29 mars — À bord d’un joli petit voilier, le Parbutti, monté par cinq hommes d’équipage, nous naviguons par une douce mousson du nord-ouest, du quai de lHôtel Taj-Mahal jusqu’à l’île Éléphanta, à sept milles et demi au large de l’île de Bombay. Nous filons à travers une centaine de bateaux à voile, de steamers, de frégates battant le drapeau de la marine britannique, de barques de pêcheurs et de grosses bouées. Nous contournons la pointe de l’île Butcher et le poste de télégraphie sans fil. Après une heure qui nous a paru un petit quart d’heure, nous abordons à une jetée de cinq cents pieds de longueur que le flot de la mer montante bat à coups redoublés.