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d’admiration. La parole est insuffisante pour exprimer de pareilles émotions. »

« Je me rappellerai toujours la dernière visite que nous fîmes au Taj, une heure avant notre départ d’Agra. Nous ne pouvions nous décider à le quitter ; enfin il fallut partir. Une dernière fois nous l’avons aperçu, se détachant comme un bloc de neige sur l’azur du ciel par delà le portique majestueux qui forme l’entrée principale ; et, le cœur serré, nous lui avons adressé un éternel adieu.

« Il est difficile aux personnes qui n’ont pas eu le bonheur de voir ce monument, de comprendre qu’il puisse inspirer de pareils sentiments. Pour moi, je déclare, sans crainte d’être démenti, que ni en Europe ni nulle part au monde, il n’existe rien qui puisse lui être comparé. »

Rien à ajouter ni à retrancher à cette description ; elle est complète et rend bien les sentiments que j’ai éprouvés moi-même à la vue de cette merveille. Le phénomène de l’acoustique à l’intérieur m’incita à chanter, pour pouvoir en jouir dans toute sa plénitude et son charme. Je chantai, de ma voix cassée et rauque, les Pèlerins de Wagner, sur l’air duquel ont été adaptées les paroles du cantique : Laetabitur justus in Domino ; mais, l’acoustique si parfait de cette salle, en fit un chant mélodieux. Dans un autre mode j’attaquai :


« Il dort ce héros dont la gloire
« Verra la fin de l’avenir ;
« Il dort, l’on entend la victoire
« Le rappeler par un soupir.
« Tous, avec moi, versez des larmes,
« Guerriers que respecta la mort ;
« Puis vous direz, posant vos armes :
Il dort, il dort. »


Grâce à cet écho phénoménal, jamais la voix humaine, jamais accords aussi divinement harmonieux n’avaient jusque là frappé mon oreille.