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régime français aux Indes. La guerre finie, Claude Martin, licencié et libre, prit peu après du service comme officier du génie pour la Compagnie des Indes dans le nord du Bengale. Rappelé à Luknow, le nabab-vizir Sujahrid Dowla l’honora de son amitié et de sa confiance au point de le charger pratiquement de l’administration entière du pays. Claude en profita pour faire des recherches scientifiques, établir des industries, promouvoir le gouvernement, rétablir les finances, fonder des écoles, des collèges, des universités, aider l’agriculture, en un mot, faire régner le bien-être, le progrès et la prospérité. Sa direction habile des affaires publiques transforma complètement la province. Les pauvres comme les riches lui confièrent leur or, tant la confiance qu’il inspirait était grande. Il fonda une banque, établit pour son propre compte des usines pour la fabrication de la poudre, la préparation de l’indigo et plusieurs autres industries qui lui rapportèrent des bénéfices considérables. Lorsqu’il mourut, en 1800, il laissa une fortune évaluée à plusieurs millions qu’il légua partie à Lyon, sa ville natale, partie à Luknow, partie à Calcutta, pour fonder des collèges. Ces institutions portèrent le nom de la Martinière, en souvenir du généreux fondateur. Sa devise était : « Labore et constantia » . L’édifice du collège de Luknow réunit à peu près tous les styles. Les détails sont parfois étranges, baroques, mais l’ensemble a de la grandeur et de la majesté.

Selon ses dernières volontés, son corps fut salé, mis dans un cercueil de plomb, puis déposé dans un sarcophage de marbre blanc avec l’inscription en langue anglaise : « Ci-gît Claude Martin, né à Lyon en 1735, venu simple soldat dans l’Inde et mort major général en 1800 ».

Malgré qu’il fut presque toute sa vie au service des Anglais, il ne voulut jamais changer de nationalité : « Je suis né Français », disait-il, « et c’est Français que je veux mourir ».

Sous la coupole de la rotonde on voit son buste en marbre. Lors de la mutinerie, son tombeau fut violé et ses os furent jetés à la voirie. Une partie a été recueillie