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10 mars — Départ pour Bénarès. Après une bonne nuit passée sur le train, nous arrivons à Moghol Serai où nous quittons la voie principale pour l’embranchement qui nous amène, quarante minutes plus tard, à la ville sainte. Nous traversons le Gange sacré sur un pont en fer assez élevé. À quelques centaines de pieds en aval, un tablier, jeté sur des pontons, relie les deux rives pour la circulation des véhicules et des piétons.

Du haut du pont du chemin de fer, la vue de Bénarès est éblouissante. Ces minarets, ces coupoles, ces clochers, ces dômes, ces portails, ces colonnades, ces escaliers, ces ghats, resplendissent d’un vif éclat sous les rayons du soleil du matin. La ville sainte, la Mecque du Bouddhisme, est sise sur la rive gauche de la rivière ; la rive droite est profane et maudite. D’après la croyance hindoue, ceux qui oseraient y vivre et y mourir, revivraient dans le corps d’un âne. Aussi, ce bord de la rivière est-il d’une solitude qui fait présumer, en dépit de ce que l’on voit, que les habitants de Bénarès ont une assez haute opinion d’eux-mêmes pour ne pas courir un si terrible risque.

Une victoria, attelée de deux petits chevaux fringants conduits par un cocher, un groom et deux valets, nous amène à l’Hôtel Clarke, où nous sommes reçus par Mlle Clarke. C’est un établissement historique. Tous les voyageurs de marque en ont signé le registre depuis plus d’un demi-siècle. M. E. Cotteau, de la Société Géographique de France, l’estimable auteur de Promenade dans l’Inde et à Ceylan, a logé ici. L’honorable Frank Carrel, de Québec, qui a écrit l’intéressant ouvrage A Round the World Cruise, en parle avec éloge. C’est un hôtel d’une tenue irréprochable et d’une propreté à laquelle nous ne sommes plus habitués depuis que nous avons mis le pied en Orient.

Comme notre séjour en cette ville intéressante sera de courte durée, nous ne perdons pas de temps. Nous parcourons, en quelques minutes, les trois milles qui séparent le cantonnement, partie anglaise et retirée de la ville indigène, et arrêtons au Temple d’or, ainsi nommé à