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ASIE — CHINE — HONG-KONG — JOHORE

genre. Ce fut une halte dans une randonnée de quarante milles à travers les plantations magiques et la jongle pleine de mystère que nous traversons avec des airs d’explorateurs dont la hardiesse est au diapason de la vitesse de l’auto. On ne sait : il peut s’y trouver du tigre !!! Les soixante-dix chevaux-vapeur de notre Oakland raffermissent notre bravoure.

Nous nous arrêtons à une maison indigène dans une plantation de caoutchouc pour constater par nous-mêmes, de près, comment se fait la cueillette de ce produit. C’est très simple. Les arbres sont entaillés à peu près à la façon 5 dont nous entaillons nos érables. Les incisions sont pratiquées en forme de V très ouvert. La sève coule, blanche comme le lait, dans la goudrelle et tombe, goutte à goutte, dans une tasse de faïence, de fer émaillé ou de verre, retenue à l’arbre par un fil de laiton. La sève doit être recueillie avant le haut du jour, car la chaleur coagule vite le liquide. On emplit les seaux que l’on transvase dans de grands réceptacles de fer. Quelques gouttes d’acide sulfurique font prendre le tout en gros pains blancs : le caoutchouc est fait ; il est prêt pour la fabrique qui le fume, le colore, le manipule pour le commerce et l’industrie.

Cette industrie et les mines d’étain, abondantes dans la péninsule, fournissent au monde entier cinquante pour cent de la consommation universelle du caoutchouc et de l’étain. Depuis la guerre, ces industries qui ont fait des millionnaires ici, des Chinois surtout, chôment et frisent la banqueroute. Il faut voir les palais des fils du Céleste Empire ; ce sont les magnats de l’endroit. Ils sont généreux et tenus en haute estime.

Nous ne pûmes résister à la tentation de manger du coco frais cueilli. Le propriétaire d’une plantation nous reçut de bonne grâce. L’un de ses petits garçons grimpa, avec l’agilité d’un singe, au bouquet d’un arbre haut de quarante pieds et fit tomber une demi-douzaine de cocos d’un beau vert tendre. Le père les ouvrit avec un grand coutelas et chacun se gorgea du lait rafraîchissant.