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moins un monarque prévoyant. Ne pensait-il qu’à lui-même ou à ses sujets ? L’histoire est muette.

Au pied de la colline, arrêtons-nous sous l’arbre où le dernier empereur de la dynastie des Mings se suicida en se pendant haut et court à la grosse branche sèche que soutient une pierre debout. L’ennemi s’avançait sur la ville ; perplexe, l’empereur consulta un devin qui lui remit trois tubes de bambou enfermés les uns dans les autres. En les prenant, si le premier, le plus gros, tombait, il devait attendre l’attaque ; si le second glissait d’abord, il devait courir sur l’ennemi ; si le plus petit s’échappait, il devait mettre fin à ses jours. Malheur ! ce fut le plus petit qui sortit de la gaine. Il obéit au décret du destin. Le lendemain, l’impératrice suivait l’exemple de son époux et le rejoignait dans le séjour d’où l’on ne revient plus.

Un peu plus loin, Ku-blai-Khan, grand empereur mandchou, construisit, il y a sept cent cinquante ans, un palais d’Alladin. Il y reçut Marco Polo, le grand voyageur de Venise ; l’un de ses successeurs, Shun-Ching, y logea, en 1651. Il servit de résidence, en 1908, au Dalai Lama qui vint du Tibet implorer le secours de la Chine pour chasser les étrangers de son royaume, les Anglais surtout. Il fut mal reçu. Il mourut ici de la petite vérole. Un monument superbe de cinquante pieds de hauteur commémore ce triste événement. Ce mausolée est l’un des plus beaux du monde. La vie entière de Bouddha est représentée en figures en relief ciselées dans le marbre le plus pur. Il fut incinéré et ses cendres reprirent le chemin du Tibet. Paix à ses mânes augustes !

18 décembre — J’aurais préféré voir le Palais d’été durant la saison pour laquelle il fut bâti. Dans un voyage autour du monde, on ne peut s’attendre à avoir tout à souhait : les saisons se succèdent ; elles n’attendent pas la fantaisie du touriste. Le Palais d’été des empereurs, c’est le Versailles du Céleste Empire ; des grottes artificielles, un lac de deux milles de circonférence, des pavillons, des pavillons, et encore des pavillons ; du kiosque de bronze au sommet d’un escalier de marbre