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ASIE — CHINE — TIEN-TSIN — PÉKIN

Au lieu d’un jour et d’une nuit sur le train, nous y sommes restés une nuit et deux jours. Ce trajet de près de cinq cent vingts milles à travers la terre de la plus ancienne civilisation connue, ne fut pas sans intérêt.

13 décembre — Le Grand Hôtel de Pékin, le plus vaste et le mieux aménagé que nous ayons rencontré sur notre route en Asie, est moderne et de grand luxe. Chambres immenses, cuisine française, orchestre de grand opéra, composé de musiciens russes, tchèques-slovaques, français, italiens, philippins. On danse. Service par des Chinois dont quelques-uns ont été dressés dans les légations, et qui parlent toutes les langues du globe. C’est drôle entendre un Mandchou, un Tartare vous adresser la parole avec l’accent parisien. Deux garçons pour chaque table ; trois ou quatre pour chaque chambre. Mme Maille, la propriétaire, nous envoie des fleurs. Elle nous dit qu’elle a un peu de trouble avec ses serviteurs qui lui sont très attachés, malgré qu’elle ait à en réprimander quelques-uns, parfois. Mieux vaut la réprimande au logis bien pourvu que la faim et la misère au dehors.

Tout est d’une propreté irréprochable. Nous dormons dans la toile fine, et l’édredon. Notre chambre avec alcôve, rideaux, bain, fenêtre-baie et balcon, est spacieuse et bien éclairée. L’hôtel est en face des légations britannique, française, hollandaise, américaine, belge, italienne, japonaise, russe et allemande. Cette dernière est fermée. À la légation russe, il y avait encan de meubles, hier ; elle va fermer aussi. Les légations sont entourées de hautes murailles, séparées les unes des autres par des murs et gardées par les troupes de chaque pays.

En 1900, l’empereur et l’impératrice résolurent de chasser les étrangers de leur empire et soulevèrent contre eux les Boxeurs qui, au nombre d’une trentaine de mille les attaquèrent. Le siège dura près de trois mois, du quatorze juillet au vingt-quatre octobre, alors que les troupes alliées, japonaises, françaises, américaines, allemandes et hollandaises, sous le commandement du général américain Chaffey, réussirent à pénétrer dans les légations