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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

Il y a de ces planchers qui criquettent depuis trois à quatre cents ans.

2 décembre — Nous partirons demain pour Myiajima. Ce matin, une promenade aux jardins de l’hôtel. Les orangers de nos fenêtres mûrissent trop lentement ; nous n’en pourrons goûter les fruits avant notre départ. Nous en trouverons de plus à point à Singapour, à Java, en Birmanie, aux Indes.

Plus nous avançons vers l’Orient, plus les hôtels se remplissent. Les communications entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique semblent s’améliorer, se rétablir. Il est évident que la destruction d’un nombre incalculable de navires a isolé les pays. Le trafic des passagers est très encombré ; par ailleurs les compagnies de navigation perdent des sommes énormes, vu la rareté du fret. Les chantiers maritimes battent le fer sans relâche dans toutes les parties du monde mais un navire ne se construit pas en un jour. Le travail devient de plus en plus exigeant. Ici, comme chez nous, les salaires montent et la production diminue. Les marchands qui ont accumulé la marchandise durant la guerre ne peuvent l’écouler qu’à prix réduits, et les banques craintives diminuent ou ferment les crédits. La crise financière de l’Occident a sa répercussion jusqu’en extrême Orient. Il me tarde de voir la situation en Chine.

3 décembre — À 6 heures 15 du matin, nous prenons le grand express qui doit nous conduire à Myiajima, l’île sainte. Long trajet, mais des plus intéressants. Nous longeons tout le jour la mer intérieure où flottent trois mille huit cents îles débordantes de verdure et divinement pittoresques. Cette mer forme, à ses extrémités, deux golfes, deux petites mers intérieures : la mer de Harima au nord, et de Suo au sud. Les plus importantes de ces îles sont fortifiées. Il est strictement défendu de prendre des photographies dans un rayon de sept mille verges de ces fortifications. Aux gares, les camelots chantent sur le ton des psaumes : Sandowitchi, bento, masamou-né, cider, birrhouti, tcha. À Onomictu, des marais