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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

qu’adviendra-t-il des diadèmes, toutes sacrées et même divines que sont les têtes sur lesquelles ils reposent ?

1er décembre — Pour faire contraste avec la simplicité du palais impérial, il faut voir le château de Nijo, qui date de l’an 1601. Iyeyasu le construisit pour s’en servir comme pied-à-terre, lors de ses visites à Kyoto. Le 6 avril 1868, le Mikado, récemment réintégré par la révolution dans une partie des droits de ses ancêtres, y rencontra le conseil d’état et jura d’accorder au peuple une assemblée délibérante élue par le suffrage populaire.

Après ce grand événement politique, le château servit de bureau à la préfecture ; l’empereur en fit l’un de ses palais d’été. Ses peintures subirent plus d’un accroc et plus d’une avarie durant le temps de l’occupation municipale. À cette époque de troubles politiques, des actes de vandalisme furent commis. L’on nous montre, par exemple, le fameux tableau, le héron trempé, chef-d’œuvre de Naonobu, qui servit de planche à afficher durant cette triste période. Il était de mode et de bon goût alors de détériorer, de détruire les œuvres antiques et tout ce qui avait tenu à l’ancien régime. C’est un temple d’or entouré d’une forteresse moyenâgeuse avec fossés, pont-levis, murs cyclopéens et lourdes portes d’airain.

Comme il s’agit encore d’une résidence impériale, nous passons pour la visiter par les mêmes formalités de réception : gardes en grand uniforme et la main au képi. A l’instar du Mikado, les shoguns tenaient grande cour, formée par les daimyos qui me paraissent avoir occupé la position correspondant à celle des seigneurs et vassaux de notre régime féodal. Ils prêtaient serment de foi et hommage au Mikado et aux shoguns qui les pressuraient à mort et les forçaient à construire des châteaux et des temples fantastiques. Les daimyos, à leur tour, faisaient subir mille exactions aux roturiers, véritables serfs taillables et corvéables à merci.

La grande salle décorée d’érables et de cerisiers leur était destinée. C’est là, dans la crainte et la contrainte,