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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

la main complète la préparation du sol pour recevoir la semence. Au printemps, le riz sera jeté dans les semis, puis arraché et transplanté brin par brin sur des centaines et des centaines de milles carrés ; c’est incroyable, mais c’est exact.

Et voilà comment, des pôles à l’équateur, du levant au couchant, il y a du riz sur la table des humains.

Lunch convenable dans le wagon buffet. Nous passons l’après-midi sur la plate-forme du wagon observatoire à voir défiler les monts, la mer et la plaine. À 4 heures 30, p.m., nous descendons à Nagoya, à l’hôtel du même nom. Avant le dîner, balade sur la rue principale. Le son de la flûte et le bruit sourd d’un tambour nous attirent dans une cour en face d’un temple shintiste où trois prêtres font de la musique et deux fillettes : des enfants d’une douzaine d’années, jeunes geishas, exécutent des danses. Ces prières, je présume, sont pour les biens de la terre et la chasse, car les geishas portent sur leurs épaules la houe, le râteau, des arcs et des flèches. C’est l’époque de la chasse ; elles prient sans doute pour le succès des disciples de saint Hubert que nous rencontrons un peu partout, la carabine en bandoulière et la gibecière chargée de faisans dorés, de canards, de sarcelles et autres gibiers à poil et à plumes.

Nous visitons un bazar comme nous n’en avons pas encore vu : un véritable labyrinthe. On y pénètre par un couloir très long dont les murs sont garnis de bibelots les plus variés ; il faut, pour en sortir, passer par un dédale d’échoppes dont on ne voit pas l’issue. Nous y sommes retournés dans la soirée pour notre plus grand amusement. Là, comme ailleurs, nous avons eu une escorte bien fournie de curieux et de curieuses, en dépit de l’ordonnance impériale qui défend aux Nippons de reluquer et de dévisager les eigin san, les honorables étrangers.