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LE PORTRAIT

petite boite de laque vieil or, délicatement travaillée ; les côtés en étaient ornés de petites vagues en relief et de cordons de soie où pendaient des glands de fils métalliques et des perles de cristal. Il ouvrit la boîte. Elle contenait une pâte verte ayant l’aspect de la cire et une odeur forte et pénétrante…

Il hésita un instant, un étrange sourire aux lèvres… Il grelottait, quoique l’atmosphère de la pièce fût extraordinairement chaude, puis il s’étira, et regarda la pendule. Il était minuit moins vingt. Il remit la boîte, ferma la porte du meuble et rentra dans sa chambre.

Quand les douze coups de bronze de minuit retentirent dans la nuit épaisse, Dorian Gray, mal vêtu, le cou enveloppé d’un cache-nez, se glissait hors de sa maison. Dans Bond Street il rencontra un hansom attelé d’un bon cheval. Il le héla, et donna à voix basse une adresse au cocher.

L’homme secoua la tête.

— C’est trop loin pour moi, murmura-t-il.

— Voilà un souverain pour vous, dit Dorian ; vous en aurez un autre si vous allez vite.

— Très bien, monsieur, répondit l’homme, vous y serez dans une heure, et ayant mis son pourboire dans sa poche, il fit faire demi-tour à son cheval qui partit rapidement dans la direction du fleuve.