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LE PORTRAIT

voleur, et pleuré sept lunes sur la perte du joyau. Quand les Huns attirèrent le roi dans une grande fosse, il s’envola, Procope nous raconte, et il ne fut jamais retrouvé bien que l’empereur Anastasius eut offert cinq cent tonnes de pièces d’or à qui le découvrirait… Le roi de Malabar montra à un certain Vénitien un rosaire de trois cent quatre perles, une pour chaque dieu qu’il adorait.

Quand le duc de Valentinois, fils d’Alexandre VI, fit visite à Louis XII de France, son cheval était bardé de feuilles d’or, si l’on en croit Brantôme, et son chapeau portait un double rang de rubis qui répandaient une éclatante lumière. Charles d’Angleterre montait à cheval avec des étriers sertis de quatre cent vingt et un diamants. Richard II avait un costume, évalué à trente mille marks, couvert de rubis balais.

Hall décrit Henry VIII allant à la Tour avant son couronnement, comme portant « un pourpoint rehaussé d’or, le plastron brodé de diamants et autres riches pierreries, et autour du cou, un grand baudrier enrichi d’énormes balais ».

Les favoris de Jacques Ier portaient des boucles d’oreilles d’émeraudes retenues par des filigranes d’or. Édouard II donna à Piers Gaveston une armure d’or rouge semée d’hyacinthes, un collier de roses d’or serti de turquoises et un heaume emperlé… Henry II portait des gants enrichis de pierreries montant jusqu’au coude et avait un gant de fauconnerie cousu de vingt rubis et de cinquante-deux perles. Le chapeau ducal de Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, était chargé de perles piriformes et semé de saphirs. Quelle exquise vie que celle de jadis ! Quelle magnificence dans la pompe et la décoration ! Cela semblait