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Le journalisme, qui le sait bien, et qui a des habitudes mercantiles, répond à ces demandes.

Dans les siècles passés, le public clouait les journalistes par l’oreille aux pompes publiques. C’était affreux. En ce siècle, les journalistes clouent leurs oreilles à tous les trous de serrure. C’est bien pire.

Et ce qui aggrave le mal, c’est que les journalistes les plus à blâmer ne sont pas les journalistes amusants qui écrivent pour les journaux dits mondains. Le mal est fait par des journalistes sérieux, réfléchis, pondérés, qui traînent solennellement, comme ils le font actuellement, sous les yeux du public, quelque incident de la vie passée d’un grand politicien, invitent le public à discuter l’incident, à exercer son autorité dans l’affaire, à donner ses vues, et non seulement à donner ses vues, mais encore à les mettre en action, à imposer à l’homme ses idées sur divers points, à les imposer à son parti, à les imposer au pays, c’est-à-dire, en définitive à se rendre ridicule, agressif, et malfaisant.