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tiste éprouverait à le traiter, mais d’après ce qu’il compte en tirer de profit pécuniaire, de la part du public.

En réalité, le roman populaire que le public qualifie de sain, est toujours une production profondément malsaine, et ce que le public qualifie de roman malsain est toujours une œuvre d’art belle et saine.

J’ai à peine besoin de dire que je ne veux pas, même un seul instant, me plaindre du mauvais usage que le public et la presse font de ces mots. Je ne sais pas comment ils arriveraient à les employer avec justesse étant dépourvus de toute compréhension de ce qui est l’art.

Je me borne à signaler le mauvais usage ; quant à l’origine du mauvais usage, quant à la signification qui se cache derrière tout cela, l’explication est des plus simples.

Elle se résume dans une conception barbare de l’autorité. Elle vient de la naturelle inaptitude d’une société corrompue par l’autorité à comprendre, à apprécier l’individualisme.