Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diose que ces poètes réalisent dans leur imagination, mais du grand individualisme qui existe à l’état latent, potentiel dans l’humanité en général. Car l’acceptation de la propriété a fait un tort véritable à l’individualisme, et l’a rendu nébuleux par suite de la confusion entre l’homme et ce qu’il possède.

Elle a fait dévier entièrement l’individualisme. Elle lui a donné pour but le gain et non la croissance. Par suite, on a cru que le point important était d’avoir, et l’on a ignoré que le point important, c’était d’être.

La véritable perfection de l’homme consiste non dans ce qu’il a, mais dans ce qu’il est.

La propriété privée a écrasé le vrai individualisme et fait surgir un individualisme illusoire. Elle a interdit à une partie de la population l’accès de l’individualisme par la barrière de la faim. Elle a interdit cet accès au reste de la population, en lui faisant suivre une mauvaise route et la surchargeant inutilement.

Et, en effet, la personnalité de l’homme s’est si complètement fondue en ses possessions,