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présence d’un maître et ses tableaux étaient recherchés avec empressement.

Il avait éprouvé tout d’abord à l’égard de Hughie une vive attraction, due, il faut le dire, au charme personnel de celui-ci uniquement.

— Les seules gens qu’un peintre devrait connaître, répétait-il, ce sont des êtres beaux et bêtes, des gens dont la vue vous donne un plaisir artistique et dont la conversation est pour vous un repos intellectuel. Les hommes qui sont des dandys et les femmes qui sont des coquettes, voilà les êtres qui gouvernent le monde, ou qui du moins devraient le gouverner.

Mais quand il en fut à mieux connaître Hughie, il finit par l’aimer tout autant à cause de son entrain, de sa bonne humeur, de sa nature étourdiment généreuse, et lui donna le droit d’entrer à toute heure dans son atelier.

Hughie, quand il entra, trouva Trevor en train de donner les derniers coups de pinceau à une magistrale peinture qui représentait, en grandeur naturelle, un mendiant.