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Jamais il ne lui était arrivé en sa vie de lancer un trait brillant, ni même une rosserie. Cela n’empêche qu’il était étonnamment séduisant, avec sa chevelure frisée, son profil nettement dessiné et ses yeux gris.

Il était aussi en faveur auprès des hommes qu’auprès des femmes. Il possédait toutes les sortes de talents, excepté celui de gagner de l’argent.

Son père lui avait légué sa latte de cavalerie et une Histoire de la Guerre de la Péninsule en quinze volumes.

Hughie avait accroché le premier de ces legs au-dessus de son miroir, et rangé le second sur une étagère entre le Guide de Ruff[1], et le Magazine de Bailey[2] et il vivait d’une pension annuelle de deux cents livres que lui faisait une vieille tante.

Il avait essayé de tout.

Il avait fréquenté la Bourse pendant six

  1. Ruff est l’auteur du Guide du Turf. (Note du traducteur.)
  2. The Museum. Bailey est mort en 1823. (Note du traducteur.)