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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Mais je sais que, vous autres Américains, vous ne faites aucun cas de ces choses-là.

— Vous n’en savez rien, et ce que vous pouvez faire de mieux, c’est d’émigrer, cela vous formera l’esprit. Mon père se fera un plaisir de vous donner un passage gratuit, et bien qu’il y ait des droits d’entrée fort élevés sur les esprits de toute sorte, on ne fera pas de difficultés à la douane. Tous les employés sont des démocrates. Une fois à New-York, vous pouvez compter sur un grand succès. Je connais des quantités de gens qui donneraient cent mille dollars pour avoir un grand-père, et qui donneraient beaucoup plus pour avoir un fantôme de famille.

— Je crois que je ne me plairais pas beaucoup en Amérique.

— C’est sans doute parce que nous n’avons pas de ruines, ni de curiosités, dit narquoisement Virginia.

— Pas de ruines ! pas de curiosités ? répondit le fantôme. Vous avez votre marine et vos manières.

— Bonsoir, je vais demander à papa de