Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Tout le monde supposait que le fantôme avait disparu ; de sorte que M. Otis écrivit à lord Canterville une lettre pour l’en informer, et reçut en réponse une autre lettre où celui-ci lui témoignait le plaisir que lui avait causé cette nouvelle, et envoyait ses plus sincères félicitations à la digne femme du ministre.

Mais les Otis se trompaient.

Le fantôme était toujours à la maison ; et bien qu’il se portât très mal, il n’était nullement disposé à en rester là, surtout après avoir appris que du nombre des hôtes se trouvait le jeune duc de Cheshire, dont le grand oncle, lord Francis Stilton, avait une fois parié avec le colonel Carbury, qu’il jouerait aux dés avec le fantôme de Canterville.

Le lendemain, on l’avait trouvé gisant sur le carreau de la salle de jeu, dans un état de paralysie si complet, que malgré l’âge avancé qu’il atteignit, il ne put jamais prononcer d’autre mot que celui-ci :

— Double six !

Cette histoire était bien connue en son