Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Ce fut vers le 19 septembre qu’il reçut le coup de grâce.

Il était descendu par l’escalier jusque dans le grand hall, sûr que dans cet endroit du moins, il était à l’abri des taquineries ; et il s’amusait là à faire des remarques satiriques sur les grands portraits photographiés par Sarow, du ministre des États-unis et de sa femme, qui avaient pris la place des portraits de famille des Canterville.

Il était simplement mais décemment vêtu d’un long suaire parsemé de moisissures de cimetière. Il avait attaché sa mâchoire avec une bande d’étoffe jaune, et portait une petite lanterne et une bêche de fossoyeur.

Bref il était travesti dans le costume de « Jonas le Déterré ou le voleur de cadavres de Chertsey Barn. »

C’était un de ses rôles les plus remarquables, et celui dont les Canterville avaient le plus de sujet de garder le souvenir, car là se trouvait la cause réelle de leur querelle avec leur voisin, lord Rufford.

Il était environ deux heures et quart du ma-