Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Néanmoins comme il arrivait au grand escalier de chêne, une porte s’ouvrit soudain.

Deux petites silhouettes drapées de blanc se montrèrent, et un lourd oreiller lui frôla la tête.

Évidemment, il n’y avait pas de temps à perdre, aussi, utilisant comme moyen de fuite la quatrième dimension de l’espace, il s’évanouit à travers le badigeon, et la maison reprit sa tranquillité.

Parvenu dans un petit réduit secret de l’aile gauche, il s’adossa à un rayon de lune pour reprendre haleine, et se mit à réfléchir pour se rendre compte de sa situation.

Jamais dans une brillante carrière qui avait duré trois cents ans de suite, il n’avait été insulté aussi grossièrement.

Il se rappela la duchesse douairière qu’il avait jetée dans une crise d’épouvante pendant qu’elle se contemplait, couverte de dentelles et de diamants devant la glace ; les quatre bonnes, qu’il avait affolées en des convulsions hystériques, rien qu’en leur faisant