Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
LE FANTÔME DE CANTERVILLE

l’épouser, et que ses tuteurs durent l’expédier le soir même à Eton, tout inondé de larmes.

Après Virginia, il y avait les jumeaux, connus d’ordinaire sous le nom d’Étoiles et Bandes, parce qu’on les prenait sans cesse à les arborer.

C’étaient de charmants enfants, et avec le digne ministre, les seuls vrais républicains de la famille.

Comme Canterville-Chase est à sept milles d’Ascot, la gare la plus proche, M. Otis avait télégraphié qu’on vînt les prendre en voiture découverte, et on se mit en route dans des dispositions fort gaies.

C’était par une charmante soirée de juillet, où l’air était tout embaumé de la senteur des pins.

De temps à autre, on entendait un ramier roucoulant de sa plus douce voix, ou bien on entrevoyait, dans l’épaisseur et le froufrou de la fougère le plastron d’or bruni de quelque faisan.

De petits écureuils les épiaient du haut des hêtres, sur leur passage ; des lapins déta-